1792 et des poussières.
Le Baron Gassier-Côtes de Provence est désespéré.
Non point tant par la situation politique parisienne, qui aurait pu l’amener à penser que ça allait bientôt chauffer pour sa particule, que par les affres toutes paternelles dans lesquelles le plongeait son dernier rejeton en date, le petit Roger.
Cet adolescent en effet, au lieu de s’enthousiasmer pour les choses de la guerre auxquelles le prédestinait son rang, ou les plaisirs bachiques qui auraient pu l’amener à reprendre à son compte l’exploitation viticole de papa, dilapidait son temps en d’oiseuses occupations à prétexte musicalisant.
C’est que Roger s’imaginait poète, et se rêvait compositeur Austro-Hongrois. Dans ses folles élucubrations, il se voyait déjà en haut de l’affiche : Son idole Wolfgang, dont il appréciait tant la fin du premier mouvement allegro maestoso du concerto pour piano et orchestre n°25 , venant tout juste de casser sa pipe sur des côtes de porc pas assez cuites, le petit Roger s’était mis dans le crane de reprendre le flambeau du tagada-tsoin-tsoin et d’aller le porter par delà l’Atlantique jusqu’aux Zétazunis récemment indépendantifiés où il comptait bien symphoniser neuvièmement des pluies de cordes et cuirasses de cuivres pour la gloire propagandeuse du Nouveau Monde et de son industrie cinématographique encore à naitre.
Mais en ces temps troublés, les formations par alternance de compositeur Austro-Hongrois se faisaient rares, d’autant que les relations diplomatiques Gallo-Ostrogothes s’étaient quelque peu rafraichies. Roger dut donc modérer un brin ses ambitions, et se retrouva par l’entremise paternelle directement enrôlé dans une fanfare militaire sise à Strasbourg (c’est-à-dire ce qui se faisait de plus Austro-Hongrois parmi les zones encore fréquentables de l’Europe.)
Il y prit ses quartiers le 21 Avril, soit le lendemain de la déclaration de guerre entre la France et l’Autriche et 210 ans jour pour jour avant la mort des vagues espoirs démocratiques qui en étaient plus ou moins à l’origine.
Dépité devant la quasi-gémellité tragique de ces deux non-évènements, Roger décida de se réchauffer le moral aux degrés des alcools locaux. Errant dans les ruelles strasbourgeoises, cahotant de bierstub en winstub, il transmuait en inspiration ce que son sang transpirait d’éthanol, tricotant d’aléatoires mélopées toutes emparolées d’incohérentes glossolalies, traduisant à la Google les bribes d’alsacien qui s’échouaient aux vestibules postérieurs de ses oreilles internes et embrumées.
Sentant qu’il en tenait à la fois son chef-d’œuvre et une bonne, il l’alla chanter par moutons et par veaux, cumulant bide sur bide pendant des jours et des nuits face à l’incompréhension de ses temporains.
Seul un officier ch’ti, qui quoique Capitaine n’était pas dépourvu de génie, sut au troisième jour reconnaitre dans cet enchevêtrement de mots et de notes les prémisses des plus troublants cadavres exquis surréalistes. Pressentant ce que cette démarche pouvait avoir de révolutionnaire, il pépédéatisa la chanson de Roger en moins de temps qu’il n’en faut à un Alsacien pour dire « Hopla ».
Le Capitaine Rouget de Lisle, hélas atteint de dyslexie, ne popularisa toutefois qu’une version fort approximative de l’œuvre originale, s’en attribuant un mérite qui ne lui revenait pas et plongeant ainsi le soldat deuxième classe Roger de Provence dans le pinard et l’oubli d’où il ne devait plus jamais sortir.
Cette mystification fut définitivement érigée en vérité officielle pour de basses raisons de droits d’auteur par l’adoption en 2003 d’un amendement à la loi dite LOPSI (un seul P à l’époque, mais déjà une usine à gaz) qui, au mépris de la rigueur historique, condamne quiconque s’aviserait de remettre en cause la version mensongère et martiale répandue par la propagande patriotique jusque dans nos écoles (Loi Fillon de Mars 2005) à 6 mois d’emprisonnement et à 7500 euros d’amende.
Soyez donc bien conscient, vous qui vous apprêtez à cliquer sur la solution avec votre gros doigt insouciant et débonnaire, du risque que votre geste anodin me fait encourir. Risque que j’assume et revendique, non pas pour de vagues motifs goguenardesques ou dérisiogènes, encore moins pour des raisons d’indignation politique à la mode, mais pour la seule gloire de l’Histoire, catin vendue à l’orthodoxie dominante et dont les viols répétés n’ont pas toujours mis au monde les beaux enfants revendiqués par Dumas.(Alexandre, pas Roger)
Et puis je vous fais confiance, vous viendrez m’apporter des clémentines – parait que les oranges on n’a pas droit, et de toute façon je préfère la clémentine (qui me va au teint) à l’orange démodée.
En cliquant ici, vous reconnaissez être complice de ce délit.(Ça fout les boules, hein, dit comme ça, non ?)
Oh, ça va… pas la peine de flipper : on est en France, le pays des droits de l’homme, après tout ?
(Pour ceux qui ont du mal à décortiquer l’enregistrement authentiquement d’époque ci-dessus, sur lequel d’ailleurs on entend nettement Roger se planter dans le texte à deux reprises, je reproduis les paroles, avec l’aimable autorisation des ayant-droits, à défaut de celle du gouvernement.)
Alezan, fond de l’air putride.
Légère cigarette avariée.
Goudronneux, délétère anis.
La tendresse engluant Tel-Aviv (bis)
Satan dévot, damnée compagne.
Moujiks et forestiers moldaves
Viles hyènes, juste d’Alhambra
Nègre orgie d’office, Enoch en pagne.
Mozart, messie troyen !
Morphée, robe à talons !
Marchand de morts chauds.
Gai Singapour.
Un brave moussaillon !
Roger de Provence, L’amère soyeuse.
Sinon, dans un couplet moins connu de la version .de Rouget se trouvent ces mots : « Liberté, liberté chérie, combats avec tes défenseurs… ». Je dis juste ça comme ça, en passant, au kazou …
On pourra aussi consulter cette version pas piquée des hannetons : (Mais là, c’est des coups à faire restaurer la peine de mort. Pas con, Desproges, il a pris les devants !)
kakophone
27 avril 2011 at 12 h 47 min
ha ben oui d’accord mais je ne savais pas qu’il fallait aller piocher dans le patrimoine culturel immatériel non plus, qui pourtant est fort dévoyé à cette heure.
Ceci dit je me prosterne et baise les pieds de Flo, esprit supérieur de la culturittude.
Joie ! Alleluia ! Rosé et Lirac !
florence
27 avril 2011 at 16 h 49 min
Hein, esprit supérieur du haut de mon 1m58 sans talons?
Pour la peine, tu me feras 20 charades sur l’Internationale!
pow wow
27 avril 2011 at 18 h 08 min
Ah ben elle est belle la France!
Livrée à des hordes d’anarchistes qui font des vidéos bizarres dignes de Jean-christophe Averty pour faire coucou à leur fille, mais mon dieu Houvatthon?
Ah ben j’étais pas près de trouver en tous cas!
Sinon juste un truc, faudrait que dans ta colonne de droite, tu détailles tes billets par nom qu’on y aille direct, que tous les billets s’affichent, quoi. Passe que là, ça l’affiche mal.
Il cherchait le Stop
27 avril 2011 at 19 h 26 min
Bonbadacord (j’essaie, je découvre tout doucement les menus qui des fois disparaissent ou apparaissent… Je n’ai pas trouvé de joli bloguerolle comme chez toi. Tiens, d’ailleurs, pourquoi ça bégaye sur lien vers chez toi ?)
Euh, sinon, pour Averty, je n’ai rien contre, mais Louise a toujours refusé d’entrer dans un hachoir à viande…
(C’est malin ça, tu files un lien et il y en a toujours un pour aller fouiller dans les tiroirs…)
pow wow
27 avril 2011 at 19 h 59 min
Eh n’empêche, comment elle a fait Flo pour trouver tout ça, elle est de ta famille c’est ça, c’est une combine familiale comme chez les Woerth c’est ça? Et le conflit d’intérêt, ça vous gêne pas aux entournures?
pow wow
27 avril 2011 at 20 h 00 min
C’est génial, quand je fais un message initial, ça met mon pseudo droit en petit, et quand j’en fais un autre il a grossi et s’est penché, ils sont chouettes tes effets spéciaux.
pow wow
27 avril 2011 at 20 h 01 min
Tiens qu’est-ce que j’disais!
pow wow
27 avril 2011 at 20 h 02 min
Ah merde ça marche pu!
pow wow
27 avril 2011 at 20 h 03 min
Tu connais le puissance 4 comme jeu? Passe que là j’en ai quatre d’alignés, j’ai gagné!
pow wow
27 avril 2011 at 20 h 04 min
Tiens j’invente le puissance 5 pour l’occasion.
sgd
27 avril 2011 at 23 h 32 min
trop tard pour jouer mais tant pis je vous ci-joint un peu de desnos…
Le trois nivôse an II de la République Roger se dressa sur son lit. Des têtes de nègres mugissaient sur les
fleuves et l’on suspendait le clergé français par les pieds aux lampadaires de l’avenue de l’Opéra.
Debout Roger s’écria :
« Je m’appelle Robert Desnos la plume au vent c’est la honte des femmes fécondées. Écoutez écoutez la Marseillaise qui porte vers les frontières un petit peu de vinaigre et du feu central.
Allons Patrie mort des enfants
L’arrivée n’est pas la gloire
des tyrans que tu baises
au front levé des étendards
Marchons marchons
Que du sillon sorte le sang. »
http://ebooks.gutenberg.us/Wordtheque/fr/222198.TXT
mebahel
28 avril 2011 at 7 h 50 min
Bon faut avouer toute honte bue (hips) que j’aurions point devinu.
Que je m’incline fort bas, et même encore plusss bas devant Flo qui nous submerge de sa matière grise.
Bref, ce bloug, je le sens, va me renvoyer aux confins, surtout fins, de ma nonculturitude.
C’est dramatique.
D’ailleurs j’vais m’soûler au thé, tiens, c’est l’heure.
Il cherchait le Stop
28 avril 2011 at 8 h 30 min
POW : Trop fort en puissance 5 !
Non, je ne sais vraiment pas comment Flo a fait pour trouver. Mais bon, elle trouvait déjà les images mystères de Maitre KA avant même qu’il ne pose les questions…
Soit on nage en plein paranormal, et chez elle c’est tout rempli de tables qui tournent, de chaudrons remplis de bave d’araignée et yeux de lombrics et ça fait peur…
Soit elle appartient à la CIA des RG, et là ça fait encore plus peur.
Je propose qu’on lui décerne un méga Jackpot, puis qu’on la brule.
sgd : Génial !
Meb : La nonculturitude est nécessaire pour comprendre ce qui se passe ici. Et s’il te reste un peu de thé…
Sinon, je vais m’abenter deux ou trois jours, mais zinquiétez pas, je laisse ouvert. Le dernier qui sort éteint la lumière et laisse les clefs dans le pot aux roses…
alainkorkos
28 avril 2011 at 18 h 33 min
Bon alors on m’dit rien à moi j’arrête mon blogue et paf y’en a un autre qui s’ouvre ailleurs monguieu ça s’arrêtera dont jamais que fait la police ?
A part ça je confirme que Flo lit dans les poils de chat la solution zaux zénigmes qu’on n’a pas zencore posées.
Il cherchait le Stop
3 Mai 2011 at 22 h 50 min
@Alain : Même pas vrai le coup du blog qui ferme… Déjà la blague n’avait pas pris pour @si…
florence
28 avril 2011 at 19 h 02 min
Ben hé vous vous défoulez sur moi!
C’est les poils de chat, voilà, c’est ça.
Aujourd’hui d’ailleurs j’ai eu l’occasion de la chanter, on m’a suppliée mais j’ai refusé!
Il cherchait le Stop
3 Mai 2011 at 22 h 58 min
Cette occasion m’avait souvent été offerte pendant une dizaine de mois, il y a un bail… C’est le seul souvenir agréable qu’il me reste de cette période de captivité. Brailler « Marchands de morts chauds » et se faire féliciter pour cet enthousiasme que l’on affiche si fièrement… Mouhahahaha !
âne debout
1 Mai 2011 at 19 h 41 min
J’ai ri au point que mon anesse commence à se poser des questions sur mon état psychique.
J’avais quand même trouvé le premier mot.
florence
5 Mai 2011 at 23 h 32 min
Dites y a le chat qui est comme une âme en peine, là, avec ses poils qui tombent pour rien…
mebahel
7 Mai 2011 at 12 h 01 min
Bon et donc.. oukilé l’ami Nombril?
On s’fait vieilles z’et vieux, là…
Oblivion
7 Mai 2011 at 12 h 16 min
Oui, oukilé l’ami Nombril ? Il cherche le stop ? 🙂
Oblivion
7 Mai 2011 at 12 h 19 min
Faut vraiment qu’on se trouve un navatar, on ressemble trop à un petit gris là dans la case navatar.
florence
7 Mai 2011 at 15 h 17 min
Bon, en attendant, il y en a une en anglais dans England,England, de Julian Barnes.
« Alfalfa, who farts in Devon
Bellowed be thy name
They wigwam come
Thy swill be scum
…
And lead us not into Penn Station
Butter the liver and the weevil
…
For ever and ever ARE MEN »
Oblivion
7 Mai 2011 at 19 h 09 min
Tu peux traduire ? Je ne comprends pas l’allemand, Flo.
Il cherchait le Stop
7 Mai 2011 at 21 h 01 min
En françois, ça donne à peu près ça:
« Ô trappeur, qui pète aux yeux,
Que ton os soit sans pitié
Que ton sperme vienne
Que ta volupté soit fête
Sur la terre,comme au (septième) ciel
Donne-nous aujourd’hui notre plein de ce jouir
Partouzons, mêlons semences
Comme nous pénétrons aussi
Tous ceux qui nous ont tant fessé
Soumets-moi à la fellation
Et livre-nous du mâle
Amène »
!
(La censure, c’est sympathique)
Oblivion
8 Mai 2011 at 7 h 48 min
Merci ! 🙂
mebahel
7 Mai 2011 at 23 h 56 min
Oh purée j’ai encore écrit nombril à la place de stop.
Faut vraiment que je révise mon code de la route.